Bien-être optimal

Le basculement du siège parisien de Clyde & Co, cabinet d’avocats international, d’un immeuble haussmannien vers un immeuble rationaliste pur sixties, toujours dans le 8e, n’a rien d’un choix conjoncturel ou précipité. Cela fait trois ans au moins que Chambers architects étudie la question du déménagement et teste de multiples hypothèses et localisations. Le programme, lui, n’a pas changé : créer un lieu d’efficacité, d’élégance et de bien-être, là où la complexité et l’incommodité quotidiennes des lieux avait fini par leur ôter tout charme ; réduire si nécessaire la surface globale sans rien céder au confort de la soixantaine de collaborateurs et associés.

La réponse était quasiment contenue dans la question, mais Chambers architects a su dépasser la simple réflexion d’optimisation de l’espace. L’agence l’a même doublement dépassé. D’abord, en allant loin dans la rationalisation des usages et la mutualisation des volumes. Ainsi, sur moins de 100 m2 le cœur du plateau qui en fait 1 000 se transforme au fil des heures en cafeteria, coin réunion, espace repos, rendez-vous des after et des événements d’entreprise… Tout le reste — accueil, bureaux individuels ou partagés, salles de réunions — s’organise autour de cet espace central que des communicants en mal d’inspiration auraient tôt fait de rebaptiser « place du village ». Sauf qu’ici la sérénité de l’atmosphère, le choix des matériaux – jamais ostentatoire— la lumière douce mais naturelle nous parle plutôt d’exigence discrète et de confiance.

Et c’est là, sans doute, que réside l’autre dépassement de l’optimisation voulue par Clyde & Co. On n’y pense pas. Elle ne se donne pas à voir comme dans une chambre capsule d’hôtel nippon. Elle se fond plutôt dans la combinaison permanente des matières, des motifs et des détails, dans la tradition des mythiques trains continentaux d’avant-guerre. Quand le style semblait ne rien concéder à la fonction.

AMO : Savills France
Photos : Laura Innocente